Analyser le travail des cadres scolaires à Genève : de la tâche prescrite aux paradoxes

Résumé

Introduite en 2008 dans le canton de Genève (Suisse), la fonction de direction d’établissement scolaire primaire avait une vocation de « proximité » (avec « le terrain », soit les équipes enseignantes, élèves, parents et autres acteurs locaux). Elle a ensuite évolué au gré des orientations stratégiques imprimées par le politique et des réformes successives, comme la réduction du nombre d’établissements (et, par conséquent, l’augmentation du nombre moyen d’élèves par école) ou la suppression des projets d’établissement. Plus d’une décennie plus tard, cette fonction se cherche. Le présent article montre qu’elle se caractérise par un ensemble de redéfinitions hétérogènes. Pour réconcilier ces différentes représentations, l’approche des paradoxes organisationnels est mise en œuvre de manière originale. En modélisant les principales tensions organisationnelles dans lesquelles s’inscrit l’exercice du métier, elle permet de situer différents modèles d’activité, à priori antinomiques, sur des continuums formant des ensembles cohérents. L’approche des paradoxes organisationnels contribue ainsi à permettre de redéfinir un genre professionnel. Le présent article recourt aux concepts et notions de la psychologie ergonomique, de la psychologie du travail et des sciences de gestion. Il s’inspire d’un cas pratique pour proposer une modélisation qui est applicable, de manière générale, aux fonctions de cadres scolaires qui évoluent dans un contexte de réformes éducationnelles.